La mouvance cathartique


Alzon, Ordo ab chao #1

David Ellis révolutionna l'art de l'écriture en y ajoutant une dimension anticonceptuelle.

À un petit groupe d'artistes parisiens des années 20, il présenta, sous le nom de Profator, une étrange machine à écrire électrique qui composait des poèmes de quatre vers sans la moindre intervention humaine, initiant ainsi une mouvance artistique originale, visant au dépouillement et à la transcendance.

C'est justement la nécessité — ou la tentation — de la transcendance qui ramena des poètes, des musiciens, des écrivains, des peintres, des graphistes de cette époque — et, par la suite, quelques rares contemporains — au concept antique de la τεχνή καθαρτική, l'art cathartique, c'est-à-dire de « la création pure ». Selon cette doctrine, l'Opus magnum est par nature parthénogénétique. L'exemple par excellence est la rédaction des livres sacrés ou inspirés. Il s'agissait donc d'établir les conditions optimales permettant au Tout-Autre de s'exprimer. Ce fut l'objet des recherches d'artistes — mais peut-on encore parler d'artistes? — comme David Ellis, La Monte Young, Alzon, Manouna Orti et bien d'autres...

Les deux principes fondamentaux d'une œuvre cathartique sont:


Alzon, Ordo ab chao #2

C'est ce qui explique la construction de générateurs aléatoires, de machines à mouvements non synchronisés ou l'utilisation des décimales de nombres transcendants, comme e ou π, si prisés dans la mouvance cathartique.

À Paris, donc, David Ellis fonda le mouvement cathartique, qui connut un certain succès auprès des dadaïstes, puis disparut complètement de ce cénacle parisien confidentiel, mystérieusement, à la fin des années 30. On trouve quelques traces de cette courte mouvance artistique dispersées dans des œuvres dadaïstes, dans une pièce ou deux de Jean Cocteau et dans les (rares) recueils des Quatrains cathartiques à tirage confidentiel, autoédités par David Ellis.





Alzon, Pure Vision Suite