Tamperelli et son automate parlant

Le grand Tamperelli vécut à l'écart du monde toute la première partie de sa vie, étudiant les secrets occultes dans un atelier retiré et fabriquant lui-même les instruments nécessaires à ses expériences. Son nom même était-il Tamperelli, ou était-ce un pseudonyme ? On ne connaît réellement son histoire que lorsqu'il apparut soudainement, et tout à fait imprévisiblement, sur les scènes européennes à la fin du XIXe siècle. Qu'est-ce qui l'avait poussé à changer sa vie aussi brutalement et aussi radicalement ?

Dans son spectacle étonnant, il montrait un automate qu'il avait lui-même conçu et monté pièce par pièce en 1865, « Théophon, l'Automate parlant », qui semblait lire les pensées des personnes présentes et les exprimait à haute voix, dans le timbre très particulier des machines parlantes de cette époque, répondant aux questions des spectateurs de façon parfois déroutante. On sait que Tamperelli fut chassé de France vers 1869 après certaines expériences malheureuses : l'auditoire n'étant pas toujours prêt à recevoir les messages de Théophon, les « révélations » de l'automate provoquèrent à diverses reprises des réactions violentes dans le public, blessant ou fâchant certaines personnes, les poussant à en agresser d'autres, poussant certaines autres, trop faibles, à se donner la mort. La machine fut qualifiée de diabolique, et la personne de Tamperelli jugée persona non grata. Dès lors, Tamperelli ne se produisit plus que sur les scènes prussiennes, helvétiques, italiennes et austro-hongroises, notamment sur celles du royaume de Bohême. C'est ainsi que, lors d'une représentation de son spectacle à Munich, en 1896, deux étudiants, David Elias et Arthur Scherbius découvrirent son invention et se lancèrent avec enthousiasme dans le projet du Profator, qui allait donner à la machine une expression complètement autonome.